« Proposer de ne pas tenir compte de ce qui s’est passé le 28 juillet est pour moi un manque de respect pour les Vénézuéliens, la souveraineté populaire se respecte », a déclaré la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado
Le Brésil et la Colombie ont exprimé, jeudi 15 août, le souhait que de nouvelles élections soient convoquées au Venezuela pour résoudre la crise née de la réélection contestée du président Nicolas Maduro. Des appels critiqués par l’opposition vénézuélienne qui revendique la victoire.
Jugeant « très claire » la victoire de l’opposition, la Maison Blanche a rectifié le tir après un apparent soutien de Joe Biden à de nouvelles élections. Le président américain « évoquait la position absurde du [président] Maduro » qui n’est « pas honnête » sur le résultat de la présidentielle, a assuré un porte-parole de la Maison Blanche. M. Biden avait répondu « je le suis » à la question : « Etes-vous favorable à de nouvelles élections au Venezuela ? », lors d’un court échange avec la presse.
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Si Nicolas Maduro « a du bon sens, il pourrait essayer de lancer un appel au peuple du Venezuela, peut-être même convoquer et programmer des élections », avait plaidé le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva lors d’un entretien sur une radio locale, tout en se gardant de reconnaître la victoire de son allié : « Il sait qu’il doit une explication à la société brésilienne et au monde. »
Dans un message posté sur X, le président colombien, Gustavo Petro, autre dirigeant de gauche, a dressé une liste de suggestions pour résoudre la crise parmi lesquelles la « levée de toutes les sanctions économiques » qui frappent le pays, ainsi que la tenue « de nouvelles élections libres ». Les deux présidents sud-américains sont engagés depuis plusieurs jours dans la recherche d’une solution pacifique à la crise.
Les Etats-Unis critiqués
Le président mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador, qui jusqu’ici participait lui aussi aux négociations, a évité de « donner son avis » sur la tenue de nouvelles élections, mais a critiqué les Etats-Unis et le secrétaire d’Etat Antony Blinken : « Qui est cet homme pour dire qui a gagné et qui a perdu ? »
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La cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, a immédiatement rejeté les appels à une nouvelle présidentielle. « Proposer de ne pas tenir compte de ce qui s’est passé le 28 juillet est pour moi un manque de respect pour les Vénézuéliens (…) la souveraineté populaire se respecte », a-t-elle déclaré à des médias chiliens et argentins. L’élection « a eu lieu et la société vénézuélienne s’est exprimée dans des conditions très défavorables. Il y a eu des fraudes et nous avons quand même réussi à gagner », a-t-elle ajouté.
Même son de cloche du côté du candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, qui a réaffirmé sur X avoir remporté « à une écrasante majorité » l’élection. « Nous réitérons notre engagement en faveur de la démocratie, de la paix et du Venezuela », a-t-il ajouté.
Je lance un appel à Nicolas Maduro : respectez la volonté du peuple vénézuélien, vous jouez avec la vie de millions de compatriotes ! », a déclaré M. Gonzalez Urrutia dans une vidéo postée un peu plus tard, jeudi soir, sur les réseaux sociaux. « L’économie du pays se détériore de plus en plus à chaque jour qui passe sans solution politique et cette tragédie est de votre responsabilité », a-t-il poursuivi. « Sans transition politique au Venezuela, il n’y a aucune chance d’attirer des investissements significatifs. »
« Nous ne pratiquons pas la diplomatie du microphone »
Le Venezuela est plongé dans une nouvelle crise depuis que le Conseil national électoral a proclamé la réélection du président socialiste Nicolas Maduro, contestée par l’opposition qui dénonce une fraude et revendique la victoire de Edmundo Gonzalez Urrutia, son candidat. L’annonce de la réélection de M. Maduro pour un troisième mandat a provoqué des manifestations spontanées de protestation, avec un bilan officiel de 25 morts, 192 blessés et 2 400 arrestations
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M. Maduro, qui accuse les deux leaders, vivant dans la clandestinité depuis une quinzaine de jours, de vouloir réaliser un coup d’Etat, n’a pas fait directement référence à un nouveau scrutin, mais a insisté : « Les conflits au Venezuela (…) sont résolus entre Vénézuéliens, avec leurs institutions, avec leur loi, avec leur Constitution ». Le président, qui a saisi la Cour suprême considérée comme inféodée au pouvoir pour « valider » sa victoire, n’a pas non plus voulu réagir aux déclarations venant de l’étranger. « Nous ne pratiquons pas la diplomatie du microphone. Chaque président sait, chaque Etat, chaque pays sait ce qu’il doit faire de ses affaires intérieures », a-t-il déclaré.
De son côté, le Parlement a voté jeudi la loi réglementant les ONG et les associations, que l’opposition juge liberticide. Deux autres textes, sur « l’incitation au fascisme et à la haine » et la réglementation des réseaux sociaux, sont aussi en préparation. Mardi, les députés avaient adopté plusieurs points de la loi sur les ONG, notamment ceux concernant la notification des « financements » et l’« identification des donateurs, nationaux ou étrangers ». Les ONG ont aussi l’interdiction de « recevoir des contributions financières destinées à des organisations à but politique ».
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