Le président des États-Unis a adressé une lettre au peuple Américain pour annoncer son retrait de la course à la Maison Blanche et a apporté son soutien à sa vice-présidente.
Kamala Harris a rapidement déclaré qu'elle comptait "remporter l'investiture" démocrate pour la présidentielle de novembre et "battre Donald Trump".
Brisera-t-elle l'ultime plafond de verre ? La vice-présidente Kamala Harris s'est lancée, dimanche 21 juillet, dans la course pour remplacer Joe Biden, quelques heures après l'annonce choc du retrait de la candidature de président démocrate de 81 ans à l'élection présidentielle de novembre. Celle qui a annoncé sa volonté de reprendre le flambeau a rapidement reçu le soutien de Joe Biden et du couple Clinton, alors que le camp démocrate doit s'accorder sur un nouveau champion pour mener la course à la Maison Blanche.
Kamala Harris, actuelle vice-présidente de Joe Biden, semble la mieux placée dans cette course et pourrait écrire une nouvelle page de l'histoire américaine. "Elle a détruit un plafond de verre après l'autre", avait constaté Joe Biden en mars 2023. La vice-présidente, âgée de 59 ans, raconte souvent avoir manifesté enfant pour les droits civiques, en compagnie de son père jamaïcain, professeur d'économie, et de sa mère indienne, chercheuse spécialiste du cancer du sein. Portrait.
La "petite fille du bus"
Native d'Oakland, en Californie, la vice-présidente américaine affiche un parcours atypique. Diplômée de l'université Howard, fondée à Washington pour accueillir les étudiants afro-américains en pleine ségrégation, Kamala Harris ne rougit pas de son parcours qui incarne le "rêve américain". Malgré le scepticisme de ses parents, tous deux chercheurs, elle fait ses débuts en politique en tant qu'adjointe au procureur du comté d'Alameda, entre 1990 et 1994. Après deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011), elle est élue, deux fois, procureure générale de Californie (2011-2017).
Lors d'un débat de la primaire démocrate en 2019, elle avait durement attaqué un certain Joe Biden sur son opposition passée à une politique de déségrégation raciale qui consistait à transporter en bus certains enfants vers des écoles éloignées, et dont elle avait bénéficié. "La petite fille (dans le bus), c'était moi", avait-elle lancé. Enfant, elle prenait le bus qui relie son ancien quartier populaire, à majorité noire, à son école située dans un quartier blanc et cossu. Cette anecdote remarquée n'avait toutefois pas sauvé une campagne ratée, interrompue avant même le premier scrutin des primaires.
Joe Biden l'a ensuite invitée sur son "ticket", l'exposant ainsi aux attaques de son adversaire républicain Donald Trump. En 2020, l'ancien président avait qualifié la démocrate de "monstre" et de "femme colérique", des termes renvoyant à des stéréotypes racistes sur les femmes noires.
Une longue liste de "premières"
Kamala Harris est une femme de "premières". Première femme et première personne noire à diriger les services judiciaires de l'État le plus peuplé du pays, elle devient, en janvier 2017, la première femme d'origine d'Asie du Sud et la deuxième femme noire à prêter serment au Sénat à Washington de l'histoire américaine. Enfin, après la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle face à Donald Tump, le 7 novembre 2020, elle devient la première femme, la première personne afro-américaine et la première personne d'origine asiatique à accéder au poste de vice-présidente. Fraîchement élue, elle a dédié son discours aux "petites filles" d'Amérique.
Bien que discrète, Kamala Harris prononce régulièrement des discours sur l'importance de l'égalité entre les hommes et les femmes et ressort fréquemment le mantra de sa mère, devenu le sien : "Tu peux être la première, mais tu ne seras pas la dernière". En 2021, première année de sa prise de fonction, elle visite Paris à l'occasion d'un sommet organisé par Emmanuel Macron, le Generation Equality Forum. Lors de son intervention, elle déclare que "si nous voulons renforcer la démocratie, nous devons lutter pour l'égalité des sexes. Car voici la vérité : la démocratie est plus forte lorsque tout le monde participe et elle est plus faible lorsque des personnes sont exclues".
"Momala", belle-mère, épouse et fan de cuisine
En 2022, Kamala Harris a pris avec ferveur la défense du droit à l'avortement, remis en cause par la Cour suprême. "Certains dirigeants républicains essaient d'instrumentaliser la loi contre les femmes. Comment osent-ils ? Comment osent-ils dire à une femme ce qu'elle peut et ne peut pas faire de son propre corps ?", s'était-elle indignée. Occupant un poste par nature ingrat, Kamala Harris a aussi fait des faux pas au début de son mandat, sur des questions délicates de diplomatie et d'immigration. La presse américaine a parfois jugé qu'elle manquait d'envergure – ce que ses partisans expliquent aussi par des biais sexistes.
Enfin, la vice-présidente veille toujours à cultiver une image décontractée. Elle est aidée en cela par son conjoint Doug Emhoff, pour lequel l'Amérique a dû s'habituer au titre de "Second Gentleman". Cet avocat à l'expression amicale est aussi le premier Juif dans ce rôle. Il a été l'un des grands relais de la Maison-Blanche dans la lutte contre l'antisémitisme. "Momala" est le surnom qui lui donne sa famille recomposée. Elle est fan de la rubrique cuisine du prestigieux journal américain The New York Times et épingle frénétiquement les idées de plats. Elle a aussi testé presque toutes les recettes de l'ouvrage L'art de la cuisine simple, écrit par la célèbre restauratrice Alice Water.
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